Il y a 2 ans, le 23 avril 2018, ma mère, Thérèse, nous quittait. Elle avait la maladie d’Alzheimer depuis plusieurs années, elle ne nous reconnaissait plus depuis longtemps, c’est par la présence et le toucher qu’on pouvait entrer en lien avec elle. Mais autant la maladie a été compliquée avec tous les deuils qu’il y a à faire au fur et à mesure que la maladie avance, autant elle nous a fait un cadeau exceptionnel le soir de sa mort.
Alors peut-être parce que accompagner nos morts est particulièrement difficile en ce moment avec le covid-19, peut-être parce que je mesure la chance que nous avons eu d’avoir pu être présents auprès d’elle (mon père et mes 3 soeurs), j’ai eu envie de partager avec vous le texte que j’ai écrit et lu pour ses funérailles. Je ne savais pas si je serais en mesure de lire ce texte, avec l’émotion qui était là, mais la force a été plus grande que la peur pour partager avec ceux qui étaient présents la beauté du cadeau qu’elle nous a fait en partant si doucement.
Puissent ce texte et ces pensées accompagner avec douceur celles et ceux qui vivent un deuil en ce moment.
Et après?
Après il y a toute la logistique, l’organisation, préparer l’arrivée de la famille qui venait de loin. Elle venait d’une famille de 10 enfants, 8 garçons, 2 filles.
Le vent dans le grand tilleul en face de la terrasse qui semblait me parler d’elle.
Repartager la maison familiale avec mon père et mes 3 soeurs dans un moment où chacun est à fleur de peau.
Perdre totalement la notion du temps et des jours qui s’enchainent.
L’arrivée des cousins, des amis, des repas, des grands repas comme ma mère aimait tant.
Vérifier comment allait mon corps: je m’attendais à ce qu’il lâche à un moment ou un autre, mais non: je le sentais fluide, fort, comme si c’était lui qui continuait à me porter pour traverser ce moment-là, je lui ai fait confiance.
La joie de revoir tous ces cousins qu’on se voit pas si souvent, tous ces amis. L’émotion en voyant la fragilité de ses 2 frères encore là.
L’épuisement quand je suis rentrée finalement à la maison. Un épuisement hors norme, j’avais besoin de dormir, de reprendre des forces et c’était aussi comme une temps de méditation profonde spontanée exceptionnelle. Le vent dans les arbres du jardin qui semblaient eux aussi me parler.
Et la force de continuer dans les mois qui ont suivi sa mort, comme si je me sentais poussée vers l’avant et n’avais qu’à tenir les rênes pour aller vers ce qui avait du sens pour moi, comme si sa mort était venue m’aider à clarifier ce qui est important pour moi.
Merci de nous avoir fait le cadeau d’une si belle mort, maman.
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