J’aurais préféré ne pas avoir à envoyer ce message.
J’ai attendu jusqu’à ce que je ne puisse plus attendre.
Puis je l’ai fait.
J’ai envoyé le message pour dire que la retraite était annulée car il n’y avait pas assez de participantes.
Puis j’ai appelé Isabelle de la ferme des Essarts, pour lui dire à elle aussi, et prévenir le cuisinier qui devait s’occuper des repas, gérer aussi la caution pour les trois jours.Je me réjouissais vraiment à l’idée d’y aller, je sais qu’elles attendaient ce moment aussi. Et là, je me suis sentie découragée. Oh il y avait plein de raisons! Le déconfinement qui n’est pas encore tout à fait là, le seul grand week-end du mois de mai etc etc.
Mon corps était lourd.
Dans l’après-midi, j’ai parlé à 3 amies, je leur ai dit ma tristesse. Elles ont écouté, accueilli.
Puis, le lendemain, j’ai senti comme un frémissement, une intuition logée quelque part, dans mon bassin , comme une boussole. Cette sensation s’est transformée en idée “Ok, il faut que j’annule parce qu’on n’est pas assez nombreuses pour la location du lieu pour le stage.
Mais le lieu reste du coup inoccupé. Et il est beau ce lieu. Et tout est organisé à la maison pour ce week-end puisque je ne devais pas être là.”
Je rappelle Isabelle de la ferme des Essarts :
– Dis-moi, si je viens avec 2 ou 3 copines, tu peux nous accueillir?”
– Ecoute oui pourquoi pas? nous on sera 5 sur place, j’ai des amis à la maison. Dis-moi combien vous serez quand tu le sais.”
Alors j’ai envoyé un mail à des amies, en leur disant le stage annulé, et mon idée: se retrouver là-bas et partager un week-end, tranquille, avec de la place pour chacune, des moments partagés, le jardin, les cascades. Pour que ce soit simple et moins cher, on amènerait les repas à cuisiner et partager. Je leur ai juste demandé de me répondre rapidement pour que je puisse dire à Isabelle.
Croyez le ou non, en 24h, un élan du coeur, toutes les réponses, on s’est retrouvées là-bas à huit!
J’ai rappelé Isabelle pour lui dire que finalement on serait 8 et qu’on louera la salle.
Je les connaissais toutes, certaines depuis 20 ans, d’autres depuis 2 ans. Elles, elles ne se connaissaient pas, ou seulement par duos. Il y a eu de la place pour chacune comme elle était, comme elle arrivait. Beaucoup de discussions, beaucoup de repas, beaucoup de pluie, beaucoup de chaleur humaine, de l’émotion. Et puis du yoga, un peu, des auto massages le matin, de la danse dans le jardin et aux cascades (sous la pluie!), des balades le long de l’Isère, une séance de massage des pieds, des yoga nidras pour bien dormir, des contes pour rêver les yeux ouverts, du chant d’impro collectif (si, si!), de la danse encore, des discussions, notre positionnement en tant qu’accompagnantes. Ah oui parce que finalement, toutes autant que nous étions, d’une manière ou d’une autre, nous accompagnions les autres: par la danse thérapie, l’art thérapie, le shiatsu, le chant, le yoga, l’intuition, la poterie.
Partage de pratiques, partage d’expérience. Je ne les avais pas invité pour leurs casquettes d’accompagnantes, mais c’est certain que ça nous a relié.
Et là je me suis rendue compte que nous étions en train de VIVRE mon stage appelé “Se relier”!
Moi, je l’avais un peu oublié en cours de route, ce thème, mais il est revenu, l’air de rien, comme le matou qui revient le jour suivant.
Il est revenu créer des liens entre nous, avec la nature autour de nous, avec nous-mêmes en nous faisant du bien.
Finalement, comme j’avais imaginé ce temps mais différemment.
Tant et si bien qu’on a réservé le lieu pour l’automne, pour nous retrouver et continuer à explorer et cheminer ensemble.
Elle est pas belle la vie quand elle nous surprend?
Quand les choses se transforment et se métamorphosent, l’air de rien?
Quand on se laisse être portés, être dansés?
Je suis revenue le corps léger.
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